Tout savoir sur le Pottok de Type Originel

Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j ai toujours été fascine par les animaux sauvages et les chevaux en particulier. Parti en vacances avec mes parents au Pays Basque en 1967, je suis tombé amoureux de ses paysages magnifiques, parsemés de petits villages aux maisons blanches et aux toits rouges nichés au creux des collines de fougères, entourés de montagnes ou caracolaient en toute liberté de petits chevaux sauvages a la robe noire et a la longue crinière: Les pottoks - prononcer pottioks.

Jeune citadin épris de liberté et de grands espaces, ces images sont restées a jamais gravées dans mon esprit et c'est tout naturellement que des années plus tard je suis devenu l'un des plus ardents défenseurs du dernier petit cheval sauvage du sud ouest de l'Europe.

C'est ainsi qu'en 1992, alors qu`il était en voie de disparition, j'ai eu la chance d'acquérir - grâce à Pierre et Ghislaine Vonné, bien connus dans le monde du Pottok pour leur élevage de Chahatoenia maintes fois primé au Salon de l'Agriculture et au Salon du Cheval à Paris - une montagne au cœur du Pays Basque, à Bidarray, afin d'offrir à l'authentique Pottok de Type Originel son dernier sanctuaire pour le conserver et le protéger avant qu'il ne disparaisse définitivement : La Réserve Naturelle du Pottok est née bientôt suivie de La Maison du Pottok qui a permis a plus de 45.000 visiteurs de découvrir le petit cheval sauvage du Pays Basque dans son milieu naturel et de sauvegarder les dernières lignées de Pottoks de Type Originel tout en maintenant la variabilité génétique.

Depuis 2014, La Maison du Pottok s'est déplacée sur le versant Est du fameux Pic D'Iparla où nichent les derniers vautours fauves dans un environnement sauvage préservé de landes, bois, prairies et torrents. 

Michel  LAFORET est le Président-Fondateur de l'Association et Responsable de La Maison du Pottok depuis 1992.


Les Origines

Tout a commencé il y a 15.000 ans alors que le froid sévissait sur l'Europe et l'Asie. Les chevaux sauvages de l'époque parcouraient la steppe enneigée et leur épaisse robe beige avec une courte crinière les protégeaient de la rigueur de l'hiver comme des prédateurs qui ne les distinguaient pas bien dans les herbes sèches de la même couleur. C'étaient les ancêtres des chevaux de Prjevalski dont quelques spécimens ont survécu jusqu'à nos jours dans le désert de Gobi en Mongolie.

Puis soudain en quelques milliers d'années, le climat s'est réchauffé et la pluie a remplacé le froid et la forêt a recouvert les trois quarts de la steppe.

Tous les êtres vivants par nature ont la possibilité d'évoluer et muter spontanément et quelques individus de chaque espèce vont varier de comportement, de forme ou de couleur. Si ces changements sont bénéfiques à celui qui les porte, la sélection naturelle favorisera l'heureux élu qui pourra se reproduire et transmettre à sa descendance ses nouvelles caractéristiques avantageuses.

C'est ainsi que certains chevaux de la steppe ont changé de couleur pour devenir noirs et leur système pileux s'est développé - crinière et queues fournies. Mieux adaptés à ce nouvel environnement humide et sombre des forêts Eurasiennes avec leur robe noire qui accumule la lumière - les photons - pour sécher rapidement et bien camouflés des prédateurs, ils se sont progressivement imposés pour se répandre dans toute l'Europe.

A partir du Néolithique, environ 5.000 ans avant Jésus-Christ, les hommes commencent à occuper les bonnes terres et à élever du bétail ainsi que des chevaux qu'ils viennent de domestiquer. Des mouvements de population permettent le brassage des cultures et des techniques ainsi que l'importation d'animaux originaires de contrées différentes, provoquant le métissage et bien plus tard l'apparition de races différentes.

Très vite en concurrence avec les animaux sauvages, les animaux domestiques élevés par les hommes ont besoin de toujours plus de terres pour être nourris et la faune sauvage disparaît petit à petit ou bien se trouve reléguée dans les zones les plus pauvres, les plus rudes et les plus inhospitalières.

Les prédateurs comme les ours, les loups et les lynx sont chassés et tués afin de protéger les troupeaux d'animaux domestiques.

Les chevaux sauvages, les bisons et les aurochs - vaches préhistoriques - sont eux aussi éliminés parce qu'ils entrent en concurrence avec les animaux de ferme avec qui ils partagent la même nourriture ou bien ils disparaissent sous leur forme sauvage originelle par métissages - croisements - avec les animaux de la même espèce mais génétiquement différents car importés par les hommes depuis d'autres régions dont les biotopes - environnements - sont différents.

Au Moyen-âge la plupart des forêts françaises sont abattues par les Moines et les terres sauvages ainsi défrichées sont labourées et cultivées pour fournir du blé à une population grandissante.

Les derniers bisons qui étaient chassés par Charlemagne disparaissent des Vosges, les Aurochs des forêts et les petits chevaux sauvages noirs sont repoussés sur les landes et montagnes les plus pauvres, là où les animaux domestiques ne pourraient pas survivre ni se développer car les conditions de vie sont trop difficiles.

Après la deuxième guerre mondiale, en 1950, il reste quelques petits chevaux sauvages à la robe unie brune ou noire au Pays Basque, cousins des poneys Landais des Barthes de l'Adour, du poney de Galice et de l'Asturcon, également de robe sombre: Les pottoks.

Ailleurs le Bidet Breton comme le poney Corse et de Sardaigne sont en voie d'extinction, tandis que des actions pour sauver les derniers poneys Exmoor en Angleterre, le Gotland Suédois ainsi que le Dülmen Allemand permettent de conserver quelques chevaux sauvages primitifs similaires dans des conditions naturelles avec un minimum d'interventions humaines.


La Descente aux enfers

Au pays Basque les Pottoks n'ont pratiquement jamais été domestiqués ou utilisés par les hommes.

De trop petite taille pour être montés par des adultes sur de longues distances ou trop légers pour être attelés à une charrue, ils ont malheureusement été capturés à partir du 19ème siècle pour être descendus dans les mines de charbon dont ils ne remontaient jamais, afin de tirer les wagonnets dans les galeries où ils se faufilaient avec leur robe sombre peu salissante.

Plus tard, quelques Pottoks ont été montés par des bergers ou attelés à de petites carrioles pour se rendre à la messe, notamment au Pays Basque Sud en Espagne.

On les retrouve aussi pour effectuer de la contrebande, appelée autrefois « le travail de la nuit » au Pays Basque, bâtés et chargés de l'autre coté de la frontière, attachés à la queue de la jument de tête qui revenait toute seule au nez et à la barbe des Douaniers sur son lieu de pacage habituel où il suffisait de récupérer sans danger la marchandise transportée.

Mais en général, livré à lui-même, forgé par des milliers d'années de sélection naturelle et survivant sur les landes et montagnes les plus pauvres, le Pottok est resté libre et sauvage comme le peuple basque, inchangé depuis la fin de la dernière glaciation à l'image des peintures rupestres des grottes de Lascaux, d'Altamira ou d'Isturitz, même s'il appartenait toujours à quelqu'un, pasteur plutôt qu'éleveur.


Les temps modernes

A partir de 1950, avec le développement de l'agriculture intensive, le Pottok a été massivement croisé avec des chevaux de trait afin d'obtenir des poulains plus lourds malheureusement vendus à la boucherie.

Puis dès 1970 avec l'engouement pour l'équitation de loisirs et la création de poneys clubs et la démocratisation d'un sport autrefois réservé aux plus riches, le pottok primitif a été massivement croisé avec des chevaux de sang et des poneys de races domestiques afin de proposer aux enfants des poneys et double-poneys de toutes tailles aux robes multicolores et aux caractéristiques les plus variées. 

L'Association Nationale du Pottok fondéé par Paul DUTOURNIER a permis la reconnaissance officielle de la race par les Haras Nationaux et un poulain bai brun de Type Originel a été offert au Président POMPIDOU.

Trois catégories permettent d'englober tous les types de poneys présents sur le terrain: 

POTTOK de robes unies, 1m15 à 1m32. On y retouve le Type Originel encore très présent.

DOUBLE-POTTOK, par la taille 1m32 à 1m47 (croisements avec des chevaux plus grands ou des Pur Sang Arabes ou des Barbes notamment) ou par la corpulence (croisements avec des chevaux de trait afin de vendre les poulains plus lourds à la boucherie...).

POTTOK-PIE, qui se distingue par sa robe de 1m15 à 1m47 (origines variées, Shetland, Appaloosa, Espagnol, etc.). 

Avec la création du système S.I.R.E. le Directeur des Haras Nationaux décide de réunir ces 3 catégories distinctes et provenant de mélanges variés, fourrant tous ces chevaux et poneys dans le même sac, sous l'appelation unique de PUR POTTOK LIVRE A... et de fait, dans les années 80 le pottok de Type Originel se fait de plus en plus rare.

Pour rajouter à tous ces croisements au sein du Livre A censé réunir des chevaux de pure race (dont certains sont mêmes inscrits à titre initial en pure race mais d'origines inconnues?...), le livre B est ouvert où sont inscrits les poneys en tous genres issus des poneys du Livre A mais croisés à nouveau avec des Pur Sang Arabes et des Poneys Welsh Gallois!... 

D'ou l'hétérogénéité de la "race" Pottok, déconsidérée durant des années par les cavaliers et hommes de chevaux constatant le manque de sérieux et de rigueur d'une telle appelation qui ne correspond à aucun type particulier, malgré les efforts de l'Association Nationale du Pottok et de son Président durant de nombreuses années, Dominique Perret, qui a tenté de favoriser une morphologie plus homogènes mais avec des robes multiples. 

C'est en 1992 que l'Association Française du Pottok de Type Originel voit le jour et quelques uns des derniers Pottoks de Type Originels issus des massifs environnants du Choldococagna, de la Rhune, de l'Artzamendi, du Baygoura et de l'Ursuya sont enfin récupérés et protégés sur la Réserve de La Maison du Pottok de Biddarray,

En Biscaye et en Guipuzcoa, au Pays Basque Sud en Espagne, le Pottok de Type Originel est également protégé et fait l'objet de programmes de sélection et de conservation extrêmement rigoureux.

En 2016, seulement quelques centaines de Pottoks de Type Originel peuvent être comptabilisés, en liberté sur les landes et montagnes du Pays Basque et dans de vertes prairies de France et d'Espagne. Seulement quelques conservateurs responsables, des deux côtés de la frontière, se mobilisent et conservent le type primitif et la robe noire du Pottok d'autrefois. Le petit cheval sauvage de la préhistoire a finalement résisté avec l'aide de quelques irréductibles passionnés mais pour combien de temps ?


Comment le reconnaître ?

Amis promeneurs qui empruntez le petit train de la Rhune pour aller admirer la vue de la baie de Saint jean de Luz et l'Océan Atlantique, vous allez croiser des dizaines de poneys aux robes multicolores, de formes et de tailles différentes, broutant la petite herbe rase en totale liberté au milieu des fougères et des chênes centenaires, tous appelés « pottok ». Après avoir subi de multiples croisements avec de nombreuse races différentes, ces jolis poneys qui égayent le paysage et portent parfois une petite cloche qui tinte joyeusement dans la montagne, ne correspondent plus du tout au petit cheval sauvage primitif d'autrefois.

Il faut donc faire la part des choses et pour reconnaître un authentique « POTTOK DE TYPE ORIGINEL », il suffit d'observer les critères de robe et de morphologie retrouvés à partir d'anciennes descriptions, de vieilles photos ou de films des années 50 et qui ont permis l'élaboration d'un standard officiel précis et détaillé au Pays Basque Sud en Espagne :

POTTOK ou POTTOKA (le petit cheval - traduction littérale du basque espagnol)

Petit cheval fin et racé à la robe unie noire ou brune avec des reflets roux dans les crins, d'une taille comprise entre 1m10 et 1m30 au garrot.

Pour le reconnaître, observez donc sa robe en premier, de couleur toujours unie : noire ou brune.

Les poneys roux (alezans), pie (blancs avec des taches noires ou rousses ou les deux à la fois), gris ou de toute autre robe sont forcément issus d'un croisement avec une race étrangère.

Ensuite l'allure générale : Pottok, petit cheval fin et racé.

Les chevaux et poneys présentés comme étant des Pottoks avec de gros sabots, des membres lourds, une double croupe ou une taille se rapprochant d'un cheval de selle sont très éloignés du type primitif et sont également le fruit de métissages plus ou moins récents avec d'autres chevaux.

S'ils sont tout petits, ventrus et très poilus, les poneys shetland sont passés par là... S'ils sont trop grands ou lourds et puissants, il y a du cheval de selle ou de trait dans les origines.

De plus près, regardez la tête, anguleuse et sèche.

Un Pottok a toujours une expression vive, éveillée avec de beaux yeux foncés assez petits et toujours en alerte, dont on aperçoit un peu de blanc.

Ses oreilles sont de taille moyenne, bien dessinées et mobiles.

De profil on distingue un front plat légèrement creux au niveau des yeux qui sont placés haut donnant l'impression d'une tête longue - probablement la sélection naturelle qui a favorisé les chevaux pouvant observer aux alentours l'arrivée d'un danger tout en continuant à manger le nez dans les fougères.

Puis au dessus du museau, un angle, une bosse et la tête qui semble cassée vers le bas.

Les têtes droites, lourdes ou camuses n'appartiennent pas au véritable pottok.

Le bout du nez est carré avec des naseaux bien dessinés et roses à l'intérieur.

Certains individus portent une abondante moustache en hiver afin de se protéger des épines d'ajoncs épineux appelés « touyas » au Pays Basque, riches en azote et dont les fleurs jaunes parfument au printemps et à l'automne, la montagne d'un délicieux parfum de noix de coco.

La lèvre inférieure est petite et triangulaire.

Une lèvre ronde et molle n'appartient pas au Pottok.

L'encolure est assez courte avec une longue crinière aux crins raides et portée d'un seul coté à la fois, avec le plus souvent des reflets roux. On voit souvent les ¾ de la crinière d'un coté, avec en haut près des oreilles et en bas sur le garrot ¼ de la crinière de l'autre coté. Une crinière double ou frisée trahit le mélange avec une autre race.

Le garrot, cette bosse entre la crinière et le dos est bien sorti avec une implantation de crinière jusqu'à sa base.

Le dos et le rein sont assez longs et la croupe simple parfois tranchante chez les sujets manquant d'embonpoint est inclinée pour se terminer par une queue aux crins raides et fournis, protégeant admirablement les parties génitale des intempéries.

Les membres sont fins mais robustes, terminés par de petits sabots noirs à la corne très dure, adaptés à la marche en montagne sur des sols durs et caillouteux. Quand il pleut on peut discerner une ligne blanche sur le pourtour supérieur du sabot. Un poney avec de gros sabots lourds ou de couleur blanche ne peut pas être un authentique Pottok.

En montagne où le Pottok est contraint d'évoluer sur des pentes abruptes avec une agilité surprenante, ses membres postérieurs sont un peu clos, c'est-à-dire que les jarrets se resserrent et ses antérieurs légèrement en dedans, c'est-à-dire qu'ils se regardent.

S'il grandit sur un terrain plat, ces adaptations aux dénivelés n'apparaissent pas et le Pottok de prairie à des aplombs droits.

Maintenant que vous êtes un spécialiste de l'observation, naturaliste chevronné, vous pourrez observer - à la jumelle pour les Pottoks sauvages en liberté dans la montagne -qu'il n'y a pas de poils qui dépassent sur le pourtour du sabot en été et seulement quelques uns en hiver.

Point de fanons abondant faisant le tour du pied non plus, comme chez un cheval de trait, mais seulement une touffe de poils sous le boulet servant de gouttières aux quatre membres quand il pleut.

Le ventre du Pottok dépend de son état et de son alimentation. Sur des landes pauvres de montagne, il est obligé d'absorber une grande quantité de cellulose peu nutritive et peut être maigre avec un ventre pourtant volumineux, notamment les juments allaitantes qui doivent manger encore plus afin de fournir du lait à leur poulain.

Enfin, pour terminer cette observation dans le sens des aiguilles d'une montre si le Pottok est de profil et regarde vers la gauche, l'épaule n'est pas très inclinée lui permettant de bien relever les antérieurs pour franchir les aspérités du terrain, ce qui fait de lui un habile sauteur.


Comment le rencontrer ?

Indissociable des landes et montagnes sauvages du Pays Basque, l'observation du Pottok de Type Originel demande des efforts et se mérite car les pentes sont raides et l'accès final aux zones de pâturages ne peut s'effectuer qu'à pied.

Munissez-vous de bonnes chaussures de marche, d'un chapeau contre la pluie ou d'une casquette si le soleil tape, un solide bâton qui aide à la marche en montagne et permet d'écarter les fougères envahissantes, une gourde avec de l'eau fraîche, des jumelles pour l'observation des Pottoks, mais aussi des vaches sauvages du Pays basque, les Betizoak, ainsi que de très nombreux rapaces diurnes qui peuplent encore cette région d'une richesse exceptionnelle :

Vautour Fauve, Percnoptère d'Egypte, Gypaète Barbu, Aigle Botté, Milan Royal, Milan Noir, Bondrée Apivore, Buse Variable, Circaète Jean Le Blanc, Busard Saint Martin, Autour des palombes, Faucon Hobereau, Faucon Crécerelle, etc.

En Octobre vous verrez passer les pigeons ramiers appelés « Palombe » - Ursoa et deux fois par an la migration des grues et des oies sauvages.

Ensuite, partez tôt le matin à la recherche des Pottoks quand la brume poussée par la brise lève son voile et vous laisse découvrir les contours des montagnes ensoleillées.

Recherchez les petits chevaux à la robe noire - Belza - aux formes anguleuses, vérifiez s'ils ont les membres fins avec des crins raides et une tête expressive et si tel est le cas vous avez de fortes chances de vous approcher d'un Pottok de Type Originel.

Soyez prévenu, vous n'en trouverez que quelques spécimens par massif contre une multitude de poneys croisés, aux robes multicolores, à la taille variable et aux formes les plus diverses, qui n'ont plus grand-chose à voir avec le petit cheval sauvage primitif.

Depuis la cote, en venant de Saint Jean de Luz et Urrugne, commencez par le massif du Choldococagna et le lac d'Ibardin que l'on peut approcher en voiture par le col du même nom.

Garer votre véhicule le plus haut possible à proximité des petites boutiques de souvenirs de part et d'autre de la route d'accès et continuez à pied vers l'Ouest pour faire le tour du Lac et grimper au sommet de la montagne où une vue superbe de la Cote Basque, de l'ocean Atlantique et de Saint Jean de Luz - Donibane Lohitzune - vous attend.

Attention aux vaches et taureaux sauvages qui parcourent ces collines en totale liberté - betizoak - gardez vos distances et tout se passera bien car elles ne sont agressives que si l'on s'approche trop près des petits veaux couchés sous les fougères au printemps ou des taureaux en période de rut, en juillet et août.

Evitez d'affoler les brebis - Manech - qui paissent tranquillement ou ruminent sous un grand arbre et avec le lait desquelles on fabrique l'excellent fromage Ardi Gasna (qui se déguste accompagné par de la confiture de cerises noires d'Itxassou) et si vous vous promenez avec votre chien, gardez le à vos cotés à tout moment.

Ensuite, pourquoi ne pas emprunter le fameux petit train à crémaillère de la Rhune (900 m d'altitude) - Larrun : bon pâturage en basque - dont le départ se situe entre Ascain et Sare toujours dans la Province du Labourd, afin de couler vos pas sur ceux de la Princesse Eugénie ?

Pendant l'ascension vous pourrez admirer des paysages magnifiques et de jolis poneys qui paissent en totale liberté le long de la voie.

Depuis le sommet, un panorama à 360° vous offrira une vue frontalière de l'Espagne et de la France et l'on comprend mieux l'unité du Pays Basque Nord et Sud qu'une frontière administrative sépare artificiellement, les Pottoks passant des deux cotés sans se soucier...

Redescendez doucement plus à l'Ouest vers les anciennes fortifications Napoléoniennes jusqu'au col des 3 fontaines et vous aurez une petite chance de croiser quelques Pottoks de Type Originel et l'un de ses ardents et malicieux défenseurs, André Goyenaga d'Ascain dont la ferveur pour le petit cheval sauvage du Pays Basque n'est pas démentie depuis l'âge de 12 ans !

Au niveau du grand choral construit sur le plat pour attraper les poneys et les désinsectiser, remontez vers l'est afin de récupérer le chemin qui descend en parallèle le long de la voie ferrée et suivez le jusqu'en bas afin de retrouver votre véhicule.

Vous pouvez également gravir la Rhune depuis Sare ou parcourir les montagnes depuis Espellete, petite ville fameuse pour son piment rouge - Bipera - où de nombreux chemins de randonnées sont parfaitement balisés.

En vous engageant dans le Pays Basque intérieur en direction de la province de Basse-Navarre, depuis le charmant village d'Itxassou, empruntez le Pas de Roland (Le Chevalier de Charlemagne qui combattit les ancêtres des Basques en embuscade à Roncevaux) pour grimper au sommet de l'Artzamendi (926 m d'altitude) - montagne de l'ours.

Les vautours fauves sont le plus souvent au rendez-vous et en regardant vers l'est, vous pourrez emprunter une petite piste qui descend vers le village de Bidarray, longeant des bois de hêtres préfigurant la splendide forêt d'Irraty.

Sangliers, chevreuils, blaireaux, renards, lièvres, écureuils et genettes font partie de la faune présente sur ces massifs.

Les loups ne survivent qu'en Espagne et les derniers ours Pyrénéens se meurent en vallée d'Aspe et d'Ossau tandis que leurs cousins espagnols des Monts Cantabriques sont encore au nombre d'une quarantaine...

En redescendant tourner à gauche plein Sud pour passer en Espagne et vous arrêter à la Venta Burkaïtz où un délicieux menu typique de montagne vous sera servi avec le sourire, été comme hiver.

Un jour de 1994, la grand-mère de la maison - Amatchi - me confia après avoir arpenté avec moi la Réserve de la Maison du Pottok en Espadrilles, agile comme une chèvre, que depuis la mort de son mari, elle n'avait plus d'étalon et que ses juments se trouvaient saillies par des mâles qui ne correspondaient plus du tout au Pottok noir d'autrefois - Jatorisko Pottoka.

Elle m'avouait posséder encore deux juments sauvages qu'elle me cèderait volontiers afin que la souche ancestrale soit conservée. Ce fut fait et Ximista (L'éclair) et Dantzari (La danseuse) furent capturées - difficilement - et relâchées sur la Réserve de la Maison du Pottok où elles purent se reproduire avec des étalons dignes de leurs lignées. En 2016, Dantzari est toujours en vie, intouchable et fière malgré son grand âge.

Depuis Itxassou, en prenant la direction de Sain Jean Pied de Port, sortir de la grande route au village de Louhossoa.

Passer l'Eglise et le fronton et tourner à gauche devant le café Camblong vers Macaye et Mendionde. La petite route serpente entre les montagnes, Adarré à droite au Sud où se trouvait la Réserve de La Maison du Pottok faisant partie du massif du Baygoura (897md'altitude) et l'Ursuya (678 m d'altitude) - Le Mont aux Sources - à gauche au Nord.

Dans Mendionde, tourner à gauche et passer le long de l'Eglise pour contourner l'Ursuya par l'Est jusqu'au Cartier Celay - Zelai - au dessus d'Hasparren. Tourner à gauche puis prendre encore la route qui monte à gauche vers l'Ursuya.

Après la dernière ferme et le passage canadien - qui empêche les animaux de descendre sur la route - garer la voiture et gravir à pied le Mont aux Sources jusqu'au plateau qui domine la plaine et l'Océan Atlantique.

Un très joli troupeau de Pottoks de Type Originel sillonne ce massif et en parcourant le tour du sommet, il y a de fortes chances de le rencontrer.

Approchez doucement et peu être aurez vous la chance de caresser les juments et les poulains qui sont habitués à l'homme car manipulés en douceur par la famille Goutenègre d'Hasparren, conservateurs de Pottoks de Type Orignel de pères en fils.

Vous pourrez peu être croiser le très sympathique Gérard Goutenègre, grand chanteur basque et passionné de Pottoks depuis son plus jeune âge, car il va régulièrement surveiller ses chevaux, tous les deux jours en montagne et leur porter du foin en hiver dans une petite bergerie - Cayolar - sur le flanc sud de l'Ursuya à quelques centaines de mètres en dessous du sommet.

Occasionnellement, dans les provinces du Labourd et de Basse-Navarre, vous croiserez quelques Pottoks de Type Orignel en liberté dans la montagne.

En Soule, seuls de gros double-poneys croisés avec des chevaux de trait seront visibles et malheureusement destinés à la boucherie.

Sur les Landes d'Hasparren, morcelées, défrichées et clôturées, il est bien difficile d'en voir de nos jours...


Mode de vie

Extrêmement rustique et résistant, le Pottok de Type Originel a réussi à s'adapter à un environnement hostile, ne lui fournissant qu'une herbe très pauvre et acide.

On oublie trop souvent que le cheval est avant tout un herbivore, c'est-à-dire qu'il mange principalement de l'herbe, verte au printemps et à l'automne, plus sèche en été et un peu jaune en hiver, période où sa valeur nutritive est la plus pauvre.

Il consomme également des graines ou grains, feuilles, ronces, fruits, racines et tubercules en petites quantités.

Le cycle de vie du Pottok est fonction des saisons, de la météorologie et des ressources alimentaires.

En hiver, l'herbe est rare et très pauvre et le Pottok passera le plus clair de son temps à brouter pour absorber le plus possible de cellulose peu nutritive et il puisera dans ses réserves de graisse pour surmonter la pénurie alimentaire.

Le Pottok sera fatigué et économisera son énergie en marchant lentement, car dormant peu pour continuer à brouter. Pas de reproduction, ni de combats d'étalons ni de naissances à cette saison.

Les juments suitées d'un poulain seront les plus maigres car elles produisent du lait pour nourrir leur petit, avec un ventre très volumineux car elles doivent absorber encore plus de cellulose afin de subvenir aux besoins de deux chevaux, un adulte et un jeune en croissance.

Tout complément de glands, châtaignes ou le bout des ajoncs épineux seront consommés intégralement.

En cas de chute de neige, le Pottok grattera la poudreuse avec ses sabots antérieurs afin de dégager le peu d'herbe qu'il pourra encore trouver mais il faut bien reconnaître qu'auparavant, instinctivement, les chevaux sauvages redescendaient plus bas sur les collines de fougères pour y passer l'hiver.

Aujourd'hui, toutes ces collines ont été défrichées et clôturées et le Pottok ne trouve pas assez à manger en altitude sur les zones de montagne où il a été relégué.

C'est pourquoi, il faut lui rendre ce que nous lui avons pris et un apport quotidien de fourrage en montagne est devenu indispensable à sa survie dans de bonnes conditions en hiver.

La seconde option consiste à capturer les troupeaux de Pottoks à l'entrée de l'hiver afin de les descendre sur les landes et prairies clôturées, là même où bien souvent leurs ancêtres descendaient spontanément avant que nous ne réduisions leur habitat naturel.

Puis vient le printemps et dès la fin du mois de mars le Pottok se régale de la petite herbe tendre et riche en azote qui pousse à nouveau dans la montagne.

Les jours rallongent et il est bien difficile de garder en prairies ces petits chevaux sauvages qui sentent irrésistiblement l'appel des hauteurs et dont les récits de leurs escapades vers la liberté sont fréquents.

Les ajoncs sont en fleurs avec les bruyères, les genets et les asphodèles, dont les fleurs blanches se détachent sur l'herbe verte.

C'est la saison des naissances et les premiers poulains naissent souvent dans le froid et sous la pluie avec un épais duvet gris argenté qui les protège des intempéries. Les juments s'écartent du troupeau pour donner naissance et rejoignent le groupe dès que le poulain les suit par monts et par vaux, au bout de quelques heures seulement.

Ceux qui survivent seront les plus forts. Issus des juments dominantes, ils ont été conçus les premiers car leurs mères vont accaparer l'étalon dès les premières chaleurs qui débutent au printemps et se répètent toutes les trois semaines jusqu'à ce que la jument soit fécondée.

Nés en mars et avril, ces poulains à la naissance n'ont pas besoin de beaucoup de lait mais il doit être riche.

Les mères en général assez maigres à la sortie de l'hiver en montagne vont produire un lait riche car elles vont puiser la matière grasse dans leurs dernières réserves de graisse et grâce à la première herbe riche en azote.

A l'âge de deux mois, ces poulains profiteront d'un lait moins riche mais plus abondant grâce à la pousse importante de l'herbe en mai et juin et auront pris de l'avance sur les poulains issus de mères de second et troisième rangs, nés à cette période plus tardive.

Ils perdent leur duvet gris pour devenir noirs autour des yeux et sur les membres en premier.

Quand l'herbe sera plus pauvre en juillet et août, au cœur de l'été, les premiers seront beaucoup plus développés que les poulains nés tardivement et l'écart ne sera jamais rattrapé par la suite.

Les saillies ont donc lieu en avril et mai, les juments portant en général 11 mois et 10 jours pour des naissances optimales en mars et avril.

On peut néanmoins observer des poulains naître en mai et juin, parfois juillet, mais au delà du problème de croissance lié à la pousse de l'herbe se rajoutera le parasitisme externe par les tiques et les mouches plates ainsi qu'interne avec les vers et les poulains nés plus tôt seront nettement plus aptes à survivre dans ces conditions difficiles que ceux nés à la fin du printemps ou au début de l'été.

Dès le mois d'avril, le Pottok perd son long poil d'hiver qui tombe parfois en lambeaux, en particulier chez les poulains de l'année précédente, pour arborer un poil fin et brillant tout l'été.

Dans la nature, il y a autant de mâles que de femelles qui naissent et le sexe ratio est équilibré.

Avant l'intervention de l'homme, on pouvait observer en montagne de petits groupes de 2 à 5 juments avec un étalon dominant et des groupes de mâles célibataires et de juvéniles à la périphérie de ces troupeaux reproducteurs.

Il y avait donc beaucoup de mâles qui se reproduisaient, favorisant ainsi la variabilité génétique au sein des populations de Pottoks de Type Originel sauvages.

Régulièrement, un mâle célibataire parvenait à chasser un mâle dominant pour lui voler la place et se reproduire avec son troupeau de juments. Cela permettait d'éviter la consanguinité.

Depuis que les hommes se sont appropriés les Pottoks, ils ont fait exactement le contraire en ne laissant en montagne qu'un mâle reproducteur pour environ 30 juments, ce qui a pour effet de réduire la variabilité génétique tout en accroissant la consanguinité.

Auparavant, l'étalon de « La Maison » restait parfois dans le troupeau une dizaine d'années et se reproduisait avec ses propres filles, induisant une consanguinité importante. Et quand ces étalons étaient issus de métissages avec d'autres races, les effets néfastes des croisements étaient d'autant plus importants provoquant la disparition inéluctable du Pottok de Type Originel.

Le trop grand nombre de juments pour un seul étalon accentue l'effet d'étalement des naissances avec un écart très important entre les poulains nés au début du printemps et ceux nés au début de l'été comme nous l'avons expliqué plus haut.

Il n'ya plus de sélection naturelle des mâles les plus puissants qui parvenaient à conquérir un troupeau après avoir surmonté les épreuves d'un croissance difficile, le parasitisme et les combats avec les autres prétendants.

Fin juin tout est joué et la plupart des poulains sont nés et les juments sont pleines à nouveau pour l'année suivante.

Vient l'été, la chaleur et les mouches. Les Pottoks vont s'activer pendant les heures fraîches, au petit jour et en début de soirée pour brouter à l'abri des insectes piqueurs et vont se reposer tête bêche pour se chasser mutuellement les mouches toute la journée sous de grands arbres exposés au vent. Ils feront de courtes sorties pour brouter quelques herbes et aller boire mais leur activité sera concentrée la nuit.

Les mouches plates sont une calamité pour les Pottoks car elles se fixent sur leurs parties génitales et vont les piquer pour sucer le sang deux fois par jour. Les taons sont légion.

D'innombrables tiques parfois grosses comme le pouce, recouvrent les Pottoks de la tête aux pieds et c'est grâce à leur excellent système immunitaire qu'ils continueront à bien se porter.

Les poulains fragiles seront décimés et nombre de poneys croisés non traités sont morts car beaucoup moins résistants. Des désinsectisations tous les mois sont obligatoires d'avril à novembre pour maintenir ces poneys en bonne santé, alors que le Pottok de Type Originel pouvait résister seul sans intervention humaine.

Parfois la sécheresse s'installe et les Pottoks doivent descendre beaucoup plus bas dans la vallée pour trouver de quoi s'abreuver.

On peut les voir lécher un par un la roche d'où suintent quelques gouttes d'une maigre source et pendant des heures y rester, jusqu'à ce que tout le troupeau se soit désaltéré.

A partir de la mi-juillet, des orages peuvent éclater en montagne et le Pays Basque reste vert et bien arrosé. Les perturbations qui arrivent de l'Océan Atlantique buttent sur les montagnes frontalières et déversent d'abondantes et fréquentes pluies tout au long de l'année.

Dès septembre, la température baisse et les nuits sont plus fraîches. La montagne se pare de couleurs magnifiques, avec le vert intense de l'herbe, les roches rouges, jaunes ou grises, les fougères rousses et le ciel bien bleu parsemé de beaux nuages blancs.

Avec l'automne, c'est en général une très belle arrière saison, une sorte d'été indien, qui caractérise le mieux le climat du Pays Basque. La robe du Pottok s'épaissit et devient brillante comme du velours noir.

Afin de supporter la disette de l'hiver, chaque instant est consacré à brouter afin d'accumuler quelques réserves de graisse. Glands, châtaignes et mures sont consommées goulument sans modération.

Seules les prunelles, ces petits fruits noirs au goût amer sont délaissés pour le plus grand plaisir des amateurs de «Paxaran», la boisson du Pays Basque par excellence.

Les poulains de l'année sont velus afin de se protéger de la pluie et du froid. Agés de 6 mois environ, ils atteignent la moitié de la taille d'un adulte et seront allaités par leur mère pendant tout l'hiver.

Dans ce cas, il est fréquent que la jument pleine avorte, car elle ne peut pas allaiter et concevoir en même temps faute de nourriture suffisante.

Dans la nature, une jument n'aura qu'un poulain tous les deux ans. Avec l'intervention de l'homme qui dans certains cas descendra les poulains avant l'hiver pour les apprivoiser et les nourrir correctement, les juments pleines parviendront au terme de leur grossesse et donneront naissance à un poulain par an.

Puis de nouveau l'hiver revient et le cycle de la vie du Pottok se perpétue depuis la nuit des temps.

Autrefois, avant que les hommes n'empiètent sur l'habitat naturel du Pottok, les chevaux descendaient en hiver sur de petites collines au pied des montagnes et ils remontaient plus haut en altitude dès le printemps.

Ces collines étant défrichées depuis les années 1970 et des routes goudronnées ouvertes de partout, il ne reste aux Pottoks que les landes les plus pauvres au sol acide entre 400 et 1000 mètres d'altitude où le maigre pacage doit être partagé avec les brebis et parfois les vaches pendant la belle saison.

En soule, les bons pâturages d'estive, au-delà de 1000 mètres d'altitude sont réservés aux vaches Blonde d'Aquitaine ou des Pyrénées, brebis Manech à têtes noires et aux double-poneys lourds. Mais point de Pottok.

Tous ces herbivores tondent littéralement la montagne et sont redescendus en hiver tandis que les pottoks de Type Originel doivent rester en altitude, au froid, à la pluie et sans nourriture. C'est pourquoi certains propriétaires les descendent en prairies dans la vallée en hiver ou vont leur apporter du foin en montagne.

Mais autrefois d'autres, moins scrupuleux, posaient autour du paturon de leurs chevaux afin d'éviter qu'ils ne descendent dans la vallée, au dessus du boulet, une lourde entrave en bois qui empêchait le pauvre animal de se déplacer normalement en claudiquant lamentablement sur 3 jambes. Le sabot qui ne reposait plus par terre devenait vite très long et déformé et parfois l'os était à vif provoquant une souffrance intolérable pour le pauvre Pottok.

En 1995, un reportage télévisé diffusé durant les informations nationales dénonçait de telles pratiques barbares et des actions sur le terrain ont permis de faire cesser ces cruautés.

Parallèlement, l'Association Francaise du Pottok de Type Originel que j'animais avec Gérard Goutenègre et André Goyenaga, s'est employée à faire construire de nombreux passages canadiens au pied des massifs les plus exposés permettant de protéger les Pottoks dans leur habitat naturel tout en limitant les risques d'accident de la circulation.

Plus d'une vingtaine d'ouvrages ont ainsi été construits.

Afin de les reconnaître, certains poneys avaient les oreilles coupées à vif par leur propriétaire et fort heureusement, avec la perspective de leur commercialisation, il y en a de moins en moins au fil du temps.

A l'état sauvage, les chevaux parcourent de grandes distances et leur territoire de pacage correspond à plusieurs centaines d'hectares par troupeau. Cela limite le parasitisme, dilué sur des surfaces importantes.

Néanmoins, les Pottoks de Type originel vont être parasités par de vers intestinaux pendant les premières années de leur vie, ce qui a pour effet de réduire leur croissance et limiter leur développement. C'est pourquoi, sans croisement et sans intervention humaine la taille adulte du Pottok de Type Originel varie de 1m10 à 1m30 au garrot dans son milieu naturel.

Dès l'âge de 4/5 ans, quand leur croissance est achevée, les chevaux qui ont résisté à la sélection naturelle impitoyable se débarrassent des vers et leur taux de parasitisme avoisine celui de chevaux régulièrement vermifugés.

Ils consomment régulièrement la pointe des fougères pourtant réputées toxiques pour le cheval et vermifuge naturel et vont ensuite absorber des feuilles de ronces qui semblent être l'antidote de la fougère.

Il est intéressant de constater que si le Pottok de Type Originel est vermifugé par l'homme deux fois par an dans son milieu naturel depuis sa naissance, il risque de devenir trop grand et trop lourd pour supporter les conditions de vie difficiles en hiver quand il sera adulte car ses besoins seront trop importants et l'herbe pas assez riche ni abondante.

C'est pourquoi il est indispensable de conserver des troupeaux conservatoires de Pottoks de Type Originel en liberté dans la montagne car s'ils sont élevés en prairies, il n'est pas possible ensuite de les réintroduire dans leur milieu naturel.

L'inné est conservé, c'est-à-dire la génétique mais pas l'acquis, ce qui est appris par le poulain avec sa mère pour survivre son habitat naturel et physiologiquement, le poney né et élevé en prairie sera beaucoup trop grand et lourd pour se contenter de l'herbe rare, pauvre et acide de la montagne et il dépérira rapidement.


Elevage en prairie

Depuis qu'en 1969, Paul Dutournier, Maire de Sare et Président des Maires du Labourd, a fait connaître le Pottok en créant un syndicat et en offrant un poulain tout noir au Président Georges Pompidou, de nombreux poneys ont été capturés, apprivoisés et élevés en prairies dans toute la France, en Belgique et en Suisse.

Sorti de son milieu naturel, le Pottok de Type Originel est devenu poney de compagnie, de loisir, de selle, d'attelage, de randonnée ou de compétition.

Soigné, nourri, vacciné, vermifugé, le petit cheval sauvage du Pays Basque est croisé à tout va afin de l'agrandir pour qu'il soit utilisé par des enfants, des adolescents et des adultes, offrant des robes bariolées et proposant tous les types de poneys et double-poneys imaginables à condition qu'ils puissent satisfaire un quelconque acheteur !...

Quelques rares sujets exportés sont restés similaires au Pottok de Type Originel primitif. Il n'en demeure pas moins un petit cheval rustique dont les besoins sont bien précis. La prairie doit offrir espace, nourriture, eau, abris, grattoirs et sécurité.

Afin de respecter son mode de vie ancestral, le Pottok de Type Originel a besoin d'espace, il ne doit pas être confiné dans un petit carré d'herbe où il ne pourra pas se dépenser, galoper, s'abriter du vent ou de la pluie battante.

Prévoir au minimum 1 hectare de prairie pour 1 Pottok et 2 hectares pour 3 Pottoks. Sur des surfaces plus réduites, les poneys seront vite confinés sur un champ de boue et de crottins et ne pourront pas dépenser leur énergie.

Au départ, il est préférable de laisser la totalité de la prairie ouverte afin d'observer les emplacements où les Pottoks vont aller s'abriter, se reposer et se mettre à l'ombre en été.

Puis couper la prairie en deux afin d'alterner le pacage et laisser à l'herbe le temps de repousser tout en prenant garde de laisser à la disposition des Pottoks des abris naturels dans chaque parcelle, arbres, haies ou creux abrité du vent.

Empruntant toujours les mêmes chemins, respectez leurs mouvements et positionner la barrière de communication au milieu du sentier principal ce qui facilitera leurs déplacements d'une parcelle à l'autres, car les Pottoks utiliseront le sentier qu'ils auront fabriqué.

Chaque parcelle doit être bien clôturée et faute de lisses en bois, 4 rangs de double fils de fers lisses peuvent faire l'affaire, espacés de 30cms à partir de 40cms du sol (40, 70, 100, 130) et supportés par des piquets espacés de 3 mètres environ.

Un fil électrique du même modèle que celui utilisé pour les vaches peut être posé en complément, écarté de 40cms de la clôture ou d'une haie vive, mais certainement pas en clôture principale car elle risque d'être franchie et mise à terre par les Pottoks galopant à fond de train ou pour voir ailleurs si l'herbe est plus verte...

En revanche, la clôture électrique avec un gros fil rond et blanc pour être bien visible et supporté par des piquets surmontés d'isolateurs et espacés de 6 mètres peut tout à fait servir à séparer la prairie en deux à certaines périodes de l'année et retirée en hiver quand toute la surface doit être disponible alors que l'herbe se fait rare.

De l'eau propre et fraîche doit être facilement accessible en permanence dans chacune des parcelles. En cas de gel, la glace doit être cassée matin et soir afin de permettre aux poneys de boire notamment en hiver où un apport de foin est toujours nécessaire.

Compter 10 à 30 litres par jour et par poney en fonction de la saison et de la nourriture absorbée. Au printemps, quand l'herbe est verte et juteuse et qu'il y a encore de la rosée, le Pottok boira moins qu'en plein été à cause de la chaleur ou en hiver lorsqu'il mangera du foin bien sec.

Sur une surface réduite par rapport à son habitat naturel, un abri ouvert à l'Est ou au Sud en fonction des vents dominants de chaque région et fermé sur 3 cotés est indispensable.

Les Pottoks iront s'y abriter du vent, de la pluie ou du soleil quand ils en auront besoin et la surface nécessaire pour que tous les poneys puissent en bénéficier en même temps est d'environ 10 m² par individu. L'ennemi du cheval étant l'humidité plus que le froid, l'abri devra être positionné sur un sol sec. Le toit doit être assez haut afin d'éviter que les chevaux se cognent la tête en se cabrant - au moins 2m40 au plus bas - sans courant d'air, le sol paillé ou sur copeaux de bois, régulièrement nettoyé, l'idéal étant de disposer des râteliers à foin sur le fond, ce qui permettra aux Pottoks de se nourrir en hiver à l'abri du mauvais temps et des vents froids.

Compter environ 5 kilos de bon foin non poussiéreux par jour et par Pottok quand il n'ya plus d'herbe, sachant qu'il est maintenant possible d'utiliser de grandes mangeoires à foin en acier galvanisé où une à deux balles rondes de 250 kilos chacune peuvent être entreposées en self service pour les poneys.

Le foin étant un aliment volumineux et peu nutritif, il n'y a aucun risque à le distribuer à volonté, les Pottoks ne consommant que ce qu'ils peuvent absorber en une journée.

Ma préférence va au foin à longues tiges de première coupe moins azoté que le regain trop riche, qui une fois encore se rapproche le plus des besoins du Pottok : Volume / Pauvre.

Le foin étant de l'herbe coupée et séchée en été, c'est la nourriture de base du Pottok qui rappelons le encore une fois est un herbivore fait pour manger un grand volume de cellulose peu nutritive en petites quantités plusieurs fois par jour. Et même si l'herbe est rase, le Pottok ira brouter les toutes petites pousses vertes en alternance avec sa consommation de foin sec.

Quelques pommes coupées en 4 et des carottes en rondelles fourniront une agréable friandise aux Pottoks quand vous irez les surveiller - 2 fois par jour au minimum - vérifier les clôtures et pour s'assurer qu'ils disposent d'eau fraiche et de foin accessible matin et soir.

Un bloc de sels minéraux doit être mis en permanence à la disposition des Pottoks sur un support mural au milieu de l'abri pour éviter les bousculades ou au sol dans une mangeoire au sec car une petite surface de prairie, les apports en minéraux sont forcément déficitaires, alors qu'en montagne, en parcourant de grandes distances, les chevaux parviennent toujours à assouvir leurs besoins naturels.

Pour ce qui est de la prairie, il sera nécessaire de s'adapter en fonction de la région. Par exemple, sur des sols pauvres et acides où l'herbe ne sera pas trop riche, il sera utile d'effectuer la rotation des parcelles et de laisser l'herbe repousser d'un coté pendant que les chevaux brouteront de l'autre. Dans ce cas l'abri devra se trouver au milieu et la barrière pourra s'ouvrir sur l'une ou l'autre des parcelles, offrant aux Pottoks un confort permanent.

Dans les régions riches, la Normandie par exemple, la problématique sera toute différente car l'herbe courte de printemps sera extrêmement riche en azote pour un tout petit volume, exactement l'inverse des besoins du Pottok.

Il sera donc préférable de ne pas parceller la prairie et de laisser les poneys la raser en permanence afin d'éviter des crises de fourbure qui peuvent s'avérer catastrophiques notamment si on laisse l'herbe pousser au mois de mai et que l'on ouvre une nouvelle parcelle aux poneys nourris avec du sec depuis des mois.

Il faut préciser que les fourbures sont la cause principale de mortalité des poneys et chevaux rustiques dans les zones riches devant toutes les autres maladies du cheval.

Dans ce cas laisser du foin à disposition dans l'abri et faire en sorte qu'à la fin de l'hiver les Pottoks n'aient pas trop d'embonpoint... Si possible !

L'erreur souvent commise est de considérer que le poney trop gras ne doit rien manger et donc de le laisser sur une parcelle rasée sans rien à brouter.

C'est très cruel et contraire au système digestif du cheval qui produit un suc permanent. Il lui faut donc toujours quelques fibres à digérer et si l'on veut le faire maigrir, en cas de fourbures par exemple, réduire le foin en le distribuant 3 à 4 fois par jour en petites quantités sans oublier les sels minéraux pour éviter les carences tout en lui laissant accès à une parcelle rasée pour qu'il puisse bouger et donc digérer tout en gardant le moral...

La parcelle en défend ne sera ouverte qu'en hiver à partir de fin novembre après les premières gélées alors que la valeur nutritive de l'herbe haute sera pauvre en azote et sans danger pour les Pottoks, puis compléter ensuite avec du foin qui ne sera consommé par les poneys que lorsqu'il n'y aura plus de bonne herbe à manger. La préférence du Pottok va toujours à l'herbe et s'il mange du foin, c'est qu'il en a besoin.

Ne jamais donner l'herbe coupée par une tondeuse aux chevaux qui peuvent en mourir de coliques.

Quoiqu'il en soit, les prairies pauvres ou riches doivent être entretenues avec soin.

En avril dès que le sol aura séché, herser pour étaler les mottes de terre, les crottins et lisser le terrain.

En juin, gyro-broyer ou faucher les refus laissés par les chevaux à ras, les ronces, chardons, mauvaises herbes, et répéter l'opération en septembre si nécessaire.

L'utilisation de bovins en complément des chevaux permet d'équilibrer la flore des prairies, les uns ne consommant pas la même herbe que les autres. Les moutons sont également utiles mais insuffisants de toute manière pour se priver d'une action mécanique.

Le Pottok de Type Originel étant un petit cheval très rustique, il n'est pas nécessaire d'amender les prairies avec des engrais chimiques.

Un apport de chaux vive à l'automne peut équilibrer le PH du sol et l'étalement du fumier sorti de l'abri au printemps fournira un excellent engrais naturel biologique.

Avoir des Pottoks chez soi nécessite donc de la présence, un suivi constant, des infrastructures, du foin, de l'eau, des sels minéraux et de l'entretien. Mais quel plaisir d'être accueilli tous les matins par le hennissement joyeux de vos Pottoks !

Le grain : Il doit rester exceptionnel chez le Pottok de Type Originel sauf si le poney est monté ou attelé et dans ce cas 1 litre de mélange Orge-Avoine aplati - soit environ ½ Kg - par heure de travail peut être distribué avec un maximum de 3 litres à la fois.

Tout changement de nourriture doit être progressif et si le Pottok est utilisé régulièrement, distribuer au moins la ration en 2 fois, matin et soir ou en 3 fois si possible avec une dose à midi. Ne pas dépasser 6 litres par jour soit 3 kg en complément de la prairie et du foin qui demeurent indispensables.

Des granulés complémentaires peuvent également être utilisés en remplacement de l'orge et de l'avoine aplaties avec le même dosage en kilos (en général 2 kg pour 3 litres de granulé) avec un maximum de 3 kilos par jour.

Dans quel cas utiliser du granulé complet ?

Moins riche en azote mais contenant plus de fibres que le granulé complémentaire, le complet peut remplacer en partie l'herbe ou le foin mais pas complètement car le volume et l'encombrement digestifs restent insuffisants.

En vieillissant à partir de 25 ans, il arrive que les Pottoks perdent leurs dents et ne peuvent plus mâcher. Ils continuent à brouter avec leurs incisives mais ils font des boulettes au niveau des molaires défaillantes et l'herbe ressort par la bouche non consommée. Ils sont incapables de manger du foin et dépérissent rapidement sans intervention humaine.

On peut alors avoir recours au granulé complet de la sorte :

Matin et soir verser 2 litres de granulé complet avec un faible taux d'azote et beaucoup de fibres (Destrier Club par exemple ou équivalent) dans un seau, arroser de 2 cuillères à soupe d'huile végétale 4 en 1 qui favorise le transit, évite les bouchons et conserve le Pottok en bon état, puis mouiller le tout avec de l'eau pour ramollir les granulés avant de servir dans une mangeoire propre.

Accompagner le tout d'une demi-briquette de foin luzerné (Dynavena ou similaire) haché menu et décomposée manuellement pour la réduire en poudre et fibres dans une deuxième mangeoire et remplir ainsi le système digestif du poney qui consommera la briquette après avoir terminé le granulé.

Ayant conservé à la maison en bonne santé deux pottoks de Type Originel édentés et âgés de 33 ans depuis plusieurs années, je ne peux que recommander cette méthode.

Malheureusement, le 15 Novembre 2011, alors que la veille au soir elle faisait encore quelques petits bonds de joie au moment du dîner, Oscar mon fils et Patricia mon épouse, ont trouvé la vieille jument Natacha couchée sur le flanc ce mâtin là. Agée de 32 ans et demi, son rythme cardiaque était très élevé et elle ne pouvait plus se lever. Après l'avoir recouverte d'une couverture pour la réchauffer et lui proposer sans succès de l'eau et du granulé, le vétérinaire est arrivé et a diagnostiqué un problème cardiaque dû à son grand âge.

Afin de lui éviter des souffrances inutiles, nous avons décidé de l'anesthésier et ensuite de l'euthanasier. Tous, nous l'avons beaucoup pleurée.

C'était notre premier Pottok de Type Originel, la fondatrice de toutes nos lignées, née dans la montagne à Urrugne en 1979 au dessus du filtre, pas loin du Lac d'Ibardin chez Antoine et Dominique Perret.

A la maison nous avons ses arrière-petits-enfants, issus de 5 générations de Pottoks de Type Originels.

Sa silhouette a servi de modèles au Logo de l'Association Française du Pottok de Type Originel.

Fière, vive, intelligente, racée et attachante, « La Moune », c'était son surnom, était la jument dominante sur la Réserve de La Maison du Pottok à Bidarray, mère et grand-mère de très bons étalons comme Rokari son premier fils toujours vivant, né en Mars 1983.

Son arrière petit-fils, Saladin, est un étalon reproducteur dont les premiers poulains sont nés en montagne ou en prairies.

Elle vit en tous ses descendants et nous ne l'oublierons jamais ; ni son hennissement strident pour nous saluer.

Tristes de sa disparition, nous avons la joie de lui avoir offert une belle vie jusqu'au bout, entourée des siens et souhaitons à tous les autres chevaux une même fin, douce et paisible.


LA MAISON DU POTTOK


Afin de permettre à tous ceux qui désirent en savoir plus sur le Pottok de Type Originel, La Maison du Pottok, conserve sur la Réserve Génétique composée de prairies pauvres, landes et bois qui l'entoure, un Troupeau Conservatoire de quelques spécimens représentatifs de petite taille nés et élevés en montagne dans leur milieu naturel ou plus grands si élevés en prairies, afin de pouvoir comparer les différences de gabarit en fonction de leur mode de vie.

Certains Pottoks de Type Originel sont montés ou attelés, preuve que l'on peut protéger le patrimoine naturel originel tout en valorisant ces chevaux primitifs.


Visites possibles sur RDV en contactant l'Association par Email.


Le Pottok de Type Originel est inscrit au Livre Généalogique français du Pottok Livre A et Saladin, étalon reproducteur issu du Troupeau Conservatoire a été classé Premier Prix des étalons de Montagne au concours de Hélette en 2013, organisé par les Haras Nationaux et sous l'égide de l'Association Nationale du Pottok (A.N.P.). Cependant, les critères de sélection de l'authentique Pottok de Type Originel sont beaucoup plus restrictifs et seuls quelques sujets correspondent à la souche ancestrale. 

Au Pays Basque Espagnol, seul le Pottok de Type Originel est officiellement reconnu et le groupement des associations d'éleveurs gère le Livre Généalogique séparément du Livre Généalogique français pour ces raisons.


Des stages sont proposés à la Maison du Pottok au pair (nourris logés) pour apprivoiser, débourrer, monter et s'occuper des Pottoks de Type Originel afin de les présenter aux visiteurs et assurer le suivi de la Réserve, ainsi que pour effectuer le recensement des chevaux en montagne par massif tout au long des différentes saisons de l'année.


Merci d'envoyer votre CV et lettre de motivation par E-mail à l'association.

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